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Horus : Archétype Royal et Conscience Cosmique

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    Sophie
  • il y a 1 jour
  • 6 min de lecture

Au cœur des sables d'Égypte, gravée dans la pierre depuis des millénaires, une histoire extraordinaire continue de résonner avec une vérité troublante dans nos vies contemporaines. C'est l'histoire d'Horus, le dieu-faucon aux yeux perçants, dont le mythe dépasse largement les frontières de l'Égypte ancienne pour nous parler de nos propres combats intérieurs et de notre quête de sens.


Le Mythe Fondateur : Une Histoire de Lumière et d'Ombre

Tout commence avec Osiris, le roi sage qui gouvernait l'Égypte dans l'harmonie et la prospérité. Son frère Seth, rongé par la jalousie, ourdit un piège mortel. Lors d'un banquet, il présente un magnifique sarcophage, promettant de l'offrir à celui qui s'y adapterait parfaitement. Osiris, sans méfiance, s'y allonge. Aussitôt, Seth referme le coffre et le jette dans le Nil.

Isis, épouse éplorée d'Osiris, part à la recherche du corps de son bien-aimé. Après de longues pérégrinations, elle le retrouve. Quand Seth découvre le corps d'Osiris, il le découpe en quatorze morceaux qu'il disperse aux quatre vents.

Isis, avec l'aide de sa sœur Nephtys, rassemble patiemment les fragments, à l'exception du phallus introuvable. Elle ressuscite temporairement Osiris, le temps de concevoir leur fils grâce à sa magie. Horus grandit en secret dans les marécages du Delta, protégé par sa mère des fureurs de Seth.

Devenu adulte, Horus réclame l'héritage de son père : le trône d'Égypte. S'ensuit une bataille épique de quatre-vingts ans entre l'oncle et le neveu. Lors d'un combat particulièrement violent, Seth arrache l'œil gauche d'Horus. Finalement, le tribunal des dieux tranche : Horus récupère le trône et son œil, transformé en amulette de protection et de guérison.


Les hiéroglyphes gravés sur les murs de Dendérah et d'Edfou révèlent l'une des cosmologies les plus sophistiquées de l'Antiquité. Au cœur de cette vision du monde se dresse Horus, divinité dont la complexité symbolique traverse les millénaires pour interroger les fondements mêmes de la conscience humaine. Horus incarne une philosophie complète de l'être et du devenir, une ontologie de la lumière qui trouve des échos surprenants dans la pensée contemporaine.


Du Chaos nait l'Ordre du Monde

Le cycle osirien, tel qu'il apparaît dans les Textes des Pyramides et les sources plus tardives comme Plutarque, présente une structure narrative d'une remarquable cohérence philosophique.

Osiris, souverain primordial, représente l'état édénique de la conscience, cette unité originelle où règne l'harmonie cosmique. Son meurtre par Seth introduit la temporalité tragique qui fait basculer l'existence dans la dialectique des contraires.

Seth n'incarne pas le mal au sens moral, mais plutôt ce que les Égyptiens nommaient isfet, le principe de désintégration nécessaire au renouvellement cosmique.

Isis, quant à elle, représente la Sophia gnostique, cette sagesse active qui œuvre à la recomposition du dispersé. Sa reconstitution patiente du corps démembré d'Osiris évoque les processus alchimiques de dissolution et coagulation, mais aussi, plus fondamentalement, l'activité de la conscience qui unifie les fragments de l'expérience en totalités signifiantes.

Horus émerge de cette union posthume comme une synthèse. Sa naissance dans les marécages du Delta symbolise cette gestation de la conscience supérieure au cœur même du chaos primordial.


Horus : L'Archétype du Roi Philosophe

La bataille d'Horus contre Seth, relatée notamment dans les papyrus Chester Beatty, révèle une véritable structure initiatique. Ce conflit de quatre-vingts ans, chiffre symbolique évoquant les cycles de régénération, ne vise pas l'anéantissement de l'adversaire mais son intégration transformatrice.

Horus incarne ce que Platon nomme, dans la République le roi philosophe : celui qui gouverne non par force brute mais par la connaissance du Bien. Son œil, symbole central de la spiritualité égyptienne, représente cette vision unifiante qui perçoit l'ordre sous-jacent au chaos apparent.

L'oudjat ne se contente pas de voir : il comprend, il ordonne, il guérit.

La perte de l'œil d'Horus lors du combat contre Seth évoque la nécessaire kénose, ce dépouillement de la conscience qui accepte la blessure pour accéder à une vision supérieure. Thot, divinité de la sagesse, restaure l'œil blessé, signifiant que la connaissance véritable naît de l'intégration de la souffrance.

Cette dimension trouve des échos dans la philosophie moderne. Ainsi, Nietzsche, dans sa conception de l'amor fati, évoque cette capacité à transformer la nécessité en liberté créatrice. Tout comme, Hegel, dans sa Phénoménologie de l'Esprit, décrit ce mouvement par lequel la conscience se nie pour mieux se retrouver à un niveau supérieur.


La Doctrine Initiatique des Trois Horus

Les textes hermétiques tardifs, particulièrement le Corpus Hermeticum et les traités alchimiques, développent une tripartition horienne :

Horus enfant - Basse Époque
Harpocrate - Horus Enfant - MUSEE Josèphe JACQUIOT

  • Harpocrate symbolise la conscience potentielle, l'intellectus possibilis des scolastiques. Cette figure de l'enfant divin évoque l'état d'innocence créatrice où toutes les possibilités demeurent ouvertes. Philosophiquement, il correspond à ce que Bergson nomme l'élan vital : cette force créatrice qui précède toute actualisation déterminée.

  • Horus combattant représente la conscience en acte, engagée dans le processus de différenciation. Cette phase correspond à ce que les phénoménologues décrivent comme l'intentionnalité : cette structure fondamentale par laquelle la conscience se rapporte au monde en se distinguant de lui.

  • Horus triomphant incarne la conscience réconciliée, l'intellectus agens qui unifie les opposés dans une synthèse supérieure.



Horus et le Logos hermétique

Dans cette perspective, le dieu-faucon devient le principe ordonnateur qui établit les correspondances entre macrocosme et microcosme. Son œil perçant symbolise cette vision unifiante qui saisit l'Un dans le multiple.

La formule hermétique "Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas" trouve en Horus sa parfaite illustration. En tant que pharaon terrestre et divinité céleste, il incarne cette circulation permanente entre les niveaux d'être que décrit la philosophie néoplatonicienne.

L'alchimie, héritière de cette tradition, fait d'Horus le symbole de l'aurum potabile, cet or philosophal qui résulte de la parfaite union du soufre et du mercure, du fixe et du volatil.

Son combat contre Seth représente alors la transmutation les métaux vils de la psyché en substance lumineuse.


Horus et la Phénoménologie de la Conscience

Les six parties de l'oeil d'Horus, correspondant aux sens subtils selon la tradition égyptienne, évoquent la stratification de la conscience. Chaque niveau de perception, sensible, imaginal, intellectuel, contribue à l'émergence de cette vision totalisante que symbolise l'œil complet.

Cette analyse trouve des prolongements dans la phénoménologie contemporaine. Maurice Merleau-Ponty, dans L'Œil et l'Esprit, développe une conception de la vision comme participation au monde visible.

L'œil d'Horus préfigure cette compréhension de la perception comme co-naissance de la conscience et du monde.

Il révèle, en tant que symbole de protection et de providence, cette dimension éthique fondamentale par laquelle autrui se révèle comme absolument autre et pourtant reconnaissable.


L'Actualité Philosophique d'Horus

La pensée contemporaine redécouvre, par des voies détournées, certaines intuitions centrales de la sagesse horienne.

Carl Gustav Jung, dans sa théorie de l'individuation, décrit un processus de maturation psychique qui présente des analogies frappantes avec le parcours initiatique d'Horus. L'intégration de l'ombre (Seth), la rencontre avec l'anima (Isis), l'émergence du Soi (Horus triomphant) dessinent une cartographie de la psyché qui réactualise l'ancienne sagesse égyptienne.

Gilbert Simondon, dans L'Individuation à la Lumière des Notions de Forme et d'Information, développe une théorie de l'individuation qui résonne avec la cosmogonie horienne. L'être pré-individuel (Harpocrate) se structure progressivement par résolution de tensions internes (combat contre Seth) pour accéder à une forme stable (Horus royal) tout en conservant un potentiel de nouvelles individuations.

Vers une Ontologie de la Lumière

Horus révèle, enfin, les contours d'une ontologie de la lumière qui transcende les dualismes traditionnels. Ni pure transcendance ni simple immanence, il incarne cette "lumière naturelle" que Descartes plaçait au fondement de la connaissance rationnelle.

Son œil ne projette pas arbitrairement de la lumière sur les choses : il révèle la luminosité intrinsèque du réel. Il préfigure cette compréhension de la vérité comme aléthéia, le dé-voilement qui laisse être ce qui est.

Le dieu-faucon de l'Égypte ancienne s'avère ainsi porteur d'une sagesse philosophique d'une étonnante actualité.

Son enseignement fondamental : la possibilité pour la conscience de s'élever au-dessus du chaos sans le nier, de transformer la nécessité en liberté créatrice, demeure l'un des défis centraux de toute existence authentiquement humaine.

Dans un monde où la fragmentation et la dispersion semblent triompher, Horus continue de témoigner de cette capacité unifiante de l'esprit qui fait de l'homme non seulement un être conscient, mais un gardien vigilant du sens.


Horus - Le Faucon Divi
GLFMM- HORUS Le Faucon Divin

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